|
|
|
>>
Citations << |
|
Voici
une sélection de citations au sujet de l'Antarctique. |
|
« Le continent le plus froid, le plus venteux, le plus sec
et le plus sombre de la planète."
Ernest Shackleton |
|
|
|
« Pendant que je regarde vers le large, le soleil se couche
insensiblement, les teintes bleues si variées et si douces des
icebergs sont devenues plus crues, bientôt le bleu foncé des
crevasses et des fentes persiste seul, puis graduellement succède
avec une douceur exquise une teinte maintenant rose et c’est
tellement beau, qu’en me demandant si je rêve, je voudrais rêver
toujours. On dirait les ruines d’une énorme et magnifique ville tout
entière du marbre le plus pur, dominée par un nombre infini
d’amphithéâtres et de temples édifiés par de puissants et divins
architectes. Le ciel devient une coquille de nacre où s’irisent, en
se confondant sans se heurter, toutes les couleurs de la nature…
Sans que je m’en aperçoive, la nuit est venue et lorsque Pléneau, en
me touchant l’épaule, me réveille en sursaut de cette contemplation,
j’essuie pertinemment une larme, non de chagrin, mais de belle et
puissante émotion. »
Jean-Baptiste Charcot « Le Français au Pôle Sud » |
|
|
|
Vers le soir,
insensiblement, les ombres changent, tournent au
mauve pâle, et, derrière chaque iceberg, il semble
qu'une fée, en passant, ait laissé accroché son
voile de gaz. Lentement, l'horizon se colore en
rose, puis en jaune orange, et, lorsque le soleil a
disparu, longtemps encore une lueur crépusculaire
persiste, s'estompant délicieusement sur le fond
sombre du ciel où scintillent, innombrables, les
étoiles.
Adrien de Gerlache de Gomery |
|
« D’où vient cette étrange attirance de ces régions
polaires, si puissante, si tenace, qu’après en être revenu on oublie
les fatigues, morales et physiques pour ne songer qu’à retourner
vers elles ? D’où vient le charme inouï de ces contrées pourtant
désertes et terrifiantes ? Est-ce le plaisir de l’inconnu, la
griserie de la lutte et de l’effort pour y parvenir et y vivre,
l’orgueil de tenter et de faire ce que d’autres ne font pas, la
douceur d’être loin des petitesses et des mesquineries ? Un peu de
tout cela, mais autre chose aussi. J’ai pensé pendant longtemps que
j’éprouverais plus vivement, dans cette désolation et cette mort, la
volupté de ma propre vie. Mais je sens aujourd’hui que ces régions
nous frappent, en quelque sorte, d’une religieuse empreinte. Sous
les latitudes tempérées ou équatoriales, la nature a fourni son
effort ; dans un grouillement de vie animale et végétale, intense,
inlassable, tout naît, croit et se multiplie, agit et meurt pour
s’entraider à la reproduction, pour assurer la perpétuité de la vie.
Ici, c’est le sanctuaire des sanctuaires, où la nature se révèle en
sa formidable puissance comme la divinité Egyptienne s’abrite dans
l’ombre et le silence du temple, à l’écart de tout, loin de la vie
que cependant elle crée et régit. L’homme qui a pu pénétrer dans ce
lieu sent son âme qui s’élève. »
Jean-Baptiste Charcot « Le Français au Pôle Sud » |
|
|
|
« La vie polaire, et de surcroît en groupe, ne permet aucun
maquillage, aucun subterfuge, aucune tricherie. On se montre tel
qu’on est : l’homme que l’on est au fond de soit et qu’on ignore
soi-même… »
Paul Emile-Victor, préface de « Antarctique, désert de glace », de
Claude Lorius |
|
|
|
« L'Antarctique a cette force d'attraction des choses
inaccessibles qui appellent l'Homme à s'engager avec passion. Ainsi
ne revient-on jamais le même d'un long séjour sur le continent
blanc. Dans cet univers sans repère, sans odeur, sans couleur autre
que le bleu et le blanc, sans bruit autre que celui du vent, dans ce
monde d'une infinie pauvreté sensorielle, l'Homme n'a pas d'autre
issue que d'apprendre à s'apprivoiser lui-même. Quand on a oublié
qu'il fait froid, que le silence est infini, qu'on s'est défait de
l'agitation du monde, quand l'indispensable se réduit à peu de
choses, on sent grandir en soi le bonheur de l'harmonie, ce
sentiment agréable où en toute sérénité on se sent bien là où on
avait rêvé d'être. »
Jean-Louis Etienne |
|
|
«
Nous sortîmes
tous, et ce que nous vîmes nous laissa sans paroles. Le ciel tout
entier, de l'horizon Est à l'horizon Ouest, était tendu de draperies
s'élevant jusqu'au Zénith, et retombant en plis mouvants. Cette
masse luminescente modulait à l'infini les nuances du jaune et du
vert. On eût dit par moments les voiles de tulle figés de quelque
troupe de danseuses vivement éclairées de bas en haut par la rampe.
On pouvait aussi penser à la grand'voile d'un ancien navire soudain
déventée, et se roulant sur elle-même en tuyaux d'orgues. La qualité
lumineuse de cet ensemble est incomparable et unique. Ce n'est pas
une fluorescence, non plus que l'étincellement de paillettes d'or
sur une étoffe. La lumière paraît provenir de la matière même. Elle
n'est pas brillante mais plutôt diffuse, et très intense. On pense à
certains apothéoses dans les peintures de maîtres de la Renaissance.
En général, cette grandiose teinture dont se revêt le ciel apparaît
fixe. Pour peu qu'on ferme les yeux un instant, cependant, on
s'aperçoit que sa structure change, que les plis géants se
déplacent. A deux ou trois reprises, nous avons pu observer l'aurore
entière en plein mouvement, saisie d'ondulations extrêmement
rapides; on eût dit alors que le ciel vivait. Une seule fois, la
teinte jaune verdâtre qui caractérise les aurores vues de ce point
sembla évoluer vers le rose. La beauté de ce phénomène est à
l'échelle de la grandeur du paysage, de sa nudité et de sa
désolation.
»
Mario Marret |
|
Quel poète chantera jamais
la splendeur de ce monde polaire ? Quel langage humain
pourra jamais évoquer sa magie ? Nous restons sous le
charme de ce spectacle que l'imagination est impuissante
à concevoir, que ma plume ne saurait décrire. Plus qu'en
aucun pays de la terre, la lumière ici a des caprices
imprévus et merveilleux : le monde morne et désolé, qui
nous enclave, soudain, comme sous la baguette d'un
magicien, elle le transforme en un séjour féérique, aux
éblouissements de rêve.
Adrien de Gerlache de Gomery |
|
|
|